En lisant un magasine de mes enfants, Eureka (équivalent de science et vie junior), j'apprenais que notre système de mesure des angles et du temps remontait aux mésopotamiens.
Si pour la vie courante, le peuple utilisait un système décimal comparable à celui des romains, avec des unités, dizaines, centaines et milliers, leurs savants se servaient d'un système sexagésimal (=de base 60) pour les mesures astronomiques, mais aussi métrologiques.
Il nous est familier, car ce sont nos heures, 60 minutes, 3600 secondes, et nos 360 degrés.
Pour les mesures angulaires de la position des astres, on comprend facilement qu'il était bien pratique. Le cercle formé par l'horizon, de 360 degrés, correspond à la description faite dans l'enuma elish, d'une année de 360 jours, répartie en 12 mois de 30 jours.
La voûte céleste offrait ainsi chaque jour un aspect variant d'un 360ème avant de reprendre la position initiale (à 5 jours près).
Par contre, pour le calcul mental, c'est loin d'être évident, même avec l'habitude de contraintes de déplacements.A cette époque, le système numérique ne permettait d'écrire que les nombres entiers (1, 2, 3, 4...).
Pour les décimales (les chiffres après la virgule) il fallait recourir:
- aux fractions pour les nombres rationnels (une suite de nombres finie après la virgule)
- des concepts abstraits, pour les irrationnels comme la racine carrée de 2 (1.4142135...) ou bien des approximations suffisantes à l'occasion.
Même sans instrument perfectionné, il suffit de pointer un repère sur une étoile lointaine, reconnaissable par sa constellation
( la figure connue formée avec les étoiles proches), pour connaître précisément la durée de l'année. Elle reprend alors la même position. Et de plus en plus précisément avec le calcul de la moyenne.
L'écriture cunéiforme
La civilisation mésopotamienne est le mélange de 2 principaux peuples d'origine différentes: les sumériens et les akkadiens (babyloniens et assyriens).L'écriture a été inventée à la fin du quatrième millénaire par les sumériens. Au départ il s'agissait de dessins tracés sur des tablettes d'argile. Le dessin d'un pied pouvait signifier "marcher", une part de pain devant la bouche d'une tête "manger".
Il s'agissait donc d'une écriture idéographique. Ce type d'écriture permet d'exprimer en 2 signes des notions complexes. Par exemple, le signe 4 dessiné dans une bouche, prend le sens "élever au carré", 4 = 2x2, étant le carré élémentaire.
La technique d'écriture, un calame fait d'un roseau taillé en biseau imprimant une tablette d'argile, transforme les dessins initiaux en assemblages de coins , d'où le qualificatif cunéiforme. Les mésopotamiens appelaient également leurs caractères de base SANTAK, ce qui signifie "triangle".
En 2350 avant notre ère, Sargon 1er unifie les anciennes cités-états en un seul empire. Sa capitale est akkad, d'où le nom akkadien. La légende de sa naissance a été reprise par Moïse, posé dans un panier sur un fleuve puis adopté.
Peu à peu la langue sumérienne est supplantée par l'akkadien. L'écriture est transposée à une structure linguistique totalement différente. Les suffixes, préfixes et autres particules marquant la syntaxe n'ont aucun équivalent en akkadien. Le phonétisme se développe pour s'adapter aux particularités de cette nouvelle langue.
Au second millénaire l'akkadien se sépare en 2 dialectes principaux, l'assyrien au nord, le babylonien au sud. Au 18ème siècle, Hammourabi, 6ème représentant d'une dynastie amorrite ( territoire au nord-est du liban) établit un nouvel empire à Babylone.
Cependant, le sumérien, devenu langue morte, continue à être enseigné. C'est la base de l'écriture. L'akkadien est transcrit comme une sorte de rébus fait de mots sumériens. Les possibilités de jeux d'écriture se multiplient, pouvant n'être accessibles qu'à quelques initiés.
Par exemple, le nom Babylone, Babil(u), était écrit KA-DINGIR-RA-KI.
Le signe KA, "porte" en sumérien donne le phonème akkadien "bab" de "babu" porte."
DINGIR, dieu en sumérien devient "il" ou "ilu"en babylonien.
Les suffixes sumériens RA et KI indiquent un jeu d'écriture différent du phonétisme.
RA marque le datif, l'appartenance: "la porte aux dieux".
KI précise qu'il s"agit d'une cité.
En sumérien, la valeur phonétique KA désigne par un autre signe la "bouche" avec entre autres connotations "parole".
L'expression prend un second sens, la cité de la parole des dieux.
Au cours des siècles le nombre de signe a été réduit à environs 600, autant que le nombre de dieux.
Chaque signe comporte une ou plusieurs valeurs sémantiques, ciel ou dieu pour celui dérivant du dessin d'une étoile.